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"" Comment
expliquer cet acharnement à faire, à défaire, à refaire, si ce n'est
pour cet instant magique où l'on accède enfin à la lumière; cette chose
désirée, révélée en un présent attendu, cette coïncidence entre le
peintre et le temps.
Espace qui par la densité et
l'intensité de sa matière porte un peu de cette force originelle propre
à chacun et perceptible par autrui.
Accord éphémère où rien n'est
résolu, où tout reste à faire; alors on s'empresse de recommencer parce
que le temps passe, et qu'on ne peut en rester là.
Mes peintures sont des questions qui jalonnent le temps, chacune contient le présent accepté d'un tout intérieur. ""
J.P. Baillet
BIOGRAPHIE
1955 Né à Auray, Bretagne FR
1972/1976 Etudes à l’Ecole des Beaux Arts ,
Lorient FR
EXPOSITIONS PERSONNELLES
1980 M.J.E.P., St-Nazaire
1981 Galerie de l'école des Beaux-Arts,
Lorient
1984 Galerie des 4A, Ploemeur
1986 Galerie de l'Epée, Quimper
1989 Galerie Espace l'Orient, Lorient
1990 C.A.C., St-Brieuc
1991 Galerie Patrick Gaultier, Quimper
Galerie
Méridienne, Vannes
Galerie
Espace Noir, St-Imier, Suisse
Eco-Musée, Lochrist
1992 Galerie Méridienne, Vannes
Galerie
Le Scribe (G et L Conoir), Montauban
1993 Galerie Ombre et Lumière, Rennes
Centre
Culturel, Hennebont
1994 Hôtel de ville, Pulheim, Allemagne
La
Ville Andon, Plélo
Atelier d'Estienne, Pont-Scorff
1995 Galerie Dédalus, Morlaix
Mairie
de St Marc, Brest
L'Art dans les Chapelles, Bretagne
Galerie
Ombre et Lumière, Rennes
1996 Galerie Art du Temps, Vannes
L'Art dans les Chapelles, Bretagne
KNA studio, Nantes
Manoir de Kemault, Mellac
Galerie
de Ballens, Suisse
1997 Galerie Le Sphinx, La Ville Dieu du Temple
"Rencontre autour du peintre" - Palais des Congrès, Lorient
1998 Galerie Arekom, Morlaix
1999 Centre Culturel, Nancy
Galerie
Ombre & Lumière, Rennes
Galerie
Ikkon, Rennes
2000 Galerie Edouard Roch, Ballens, Suisse
Galerie
ART7, Nice
2001 Galerie E. Morin-Pitel, Paris
Galerie
Uta Goppeisrôder, Bretten, Allemagne
Galerie
le Sphinx, La Ville Dieu du Temple
Galerie
Guislain Etat d'Art, Paris
2002 Galerie Ombre & Lumière,
(Césure n°11), Saint-Malo
Galerie
Michèle Guérin, Limetz-Villez
2003 Galerie Artesol, Solothum, Suisse
2004 Faculté Victor Segalen, Brest
Galerie
du Faouëdic, Terres de Peintres, Lorient
2005 Galerie Ombre & Lumière,
Saint-Malo & Rennes
Galerie
Ikkon, Rennes
Galerie
Artesol, Solothurn, Suisse
Espace
culturel Lucien Prigent, Landivisiau
2006 Galerie Guislain Etat d'Art, Paris
Galerie
Le Sphinx, Montauban
2007 Galerie de la Maison, Champagne Vigny
Galerie
Artesol, Solothurn, Suisse
2008 Galerie le Sphinx, Montauban
2009 Galerie Espace d'Art, Genève
Galerie
Ombre & Lumière, Saint-Malo
2011 Galerie Espace d'Art, Genève
MT
Galerie, Gouarec
2012 Galerie Michèle Guérin,
Limetz-Villez
2015 Galerie Yolenn White, Genève
" Ma technique est la somme de
procédés utilisés dans les divers
métiers que j'ai pratiqués. S'ils sont
adaptés à la peinture, ils n'en sont pas moins
inspirés directement car souvent travaillés en
parallèle, et nombre d'outils me servant aujourd'hui ont
appartenu à mon père et mon
grand-père, carreleurs et maçons de
métier.
C'est l'application il y a 10 ans de la technique de jointoyage d'un
carrelage à une série de peintures inabouties.
C'est dans ces murs enduits, la préparation du mortier ou du
plâtre, sa consistance, la maîtrise des outils pour
l'appliquer, la trace de ceux-ci quand il est frais, le
séchage qu'il faut dominer.
C'est la trace du poinçon dans la taille d'un bloc de
pierre, ce sentiment étrange de mettre à jour une
surface enfouie depuis des millénaires, cette
lumière due au grain de la pierre et des empreintes de la
boucharde quand elle vient la frapper, la façon
d'appareiller ces blocs les uns aux autres, la lumière les
balayant aux différentes heures de la journée,
donnant à chaque fois une vision nouvelle.
C'est dans la matière chaude et veinée du bois,
le débit et l'assemblage de ces pièces qui
deviendront porte, fenêtre, meuble, la sculpture de ces
figures abstraites sur les panneaux, ce polissage, cette patine qui
fera jouer la lumière sur les moulures
chantournées.
Le fait d'avoir travaillé à des restaurations de
maisons ou de meubles a une influence directe sur la peinture car il
s'agit là de refaire un travail
exécuté par des hommes à une
époque différente avec les mêmes
techniques mais surtout de rendre en plus le travail du temps depuis
cette époque révolue.
Cette notion de temps est capitale pour moi car ma peinture n'est en
fait que la mémoire d'une somme d'opérations
réalisées selon un ordre établi.
Il existe deux phases de travail: la première, constructive,
durant une quinzaine de jours, durée relative au temps de
séchage, la seconde, soustractive, qui permet
d'accéder à la lumière du tableau par
divers procédés d'effacement. Cette phase est
très variable en temps car on peut avoir un
résultat en trois heures comme en trois semaines. Il arrive
aussi un stade d'usure extrême où il n'est plus
possible d'obtenir l'intensité recherchée, le
support est alors réenduit.
1ère phase:
Un papier est tendu ou marouflé, après
séchage il peut être enduit (c'est un
mélange de plusieurs enduits broyés à
l'eau qui donneront la porosité requise). Il est
appliqué à l'aide de spatules, truelles ou
lissoirs, une dose de pigments y est ajouté, ce qui lui
donne une couleur de fond. Dans cette surface fraîche
intervient le dessin, les traces ou empreintes mais aussi les accidents
laissés par certains outils qui, par expérience,
peuvent être contrôlés.
Après séchage, application de la
première couche de peinture à la colle qui sera
absorbé dans l'enduit poreux.
La colle de peau est fondue au bain-marie dans une certaine
quantité d'eau et sert ainsi de liant aux pigments,
d'où la nécessité d'avoir en
permanence à l'atelier un feu doux où la colle se
maintiendra liquide. Il est possible de jouer sur les dosages colle/eau
mais aussi colle/pigment; après séchage de la
deuxième couche, et ainsi de suite, de douze à
vingt couches environ .
2ème phase:
Il s'agit maintenant d'opérer par soustraction, l'union de
l'enduit, de la colle et des couleurs. Pour cela deux effacements de
base:
un mode court consistant à travailler la surface en un
moment propice de quelques secondes après l'avoir couvert
d'une dernière couche de peinture noire, jouant ainsi sur la
porosité de l'enduit et l'abrasif de la colle.
un mode long visant à extraire la lumière par
usures successives des couches de couleurs et de l'enduit à
l'aide de brosses usées et de colle de peau vierge
après avoir couvert les supports d'une dernière
couche de peinture noire.
Ces deux modes combinés entre eux offrent une
complexité de moyens qui fourniront la richesse de la
lumière recherchée. Il s'agit en somme, sur une
surface définie de préparer une terre poreuse
qu'il va falloir nourrir jusqu'à l'obtention d'un tout
homogène. A ce stade, il faut en extraire la
lumière en fouillant les couches successives
jusqu'à en perdre la chronologie pour accéder
à l'essence du tableau. Tout ce qui a
été mis aura servi à l'accomplissement
et ce qui n'est plus y aura participé.
Actuellement mes peintures se composent de deux rectangles
approximatifs, emboîtés l'un dans l'autre,
travaillés chacun en dominante par l'un de ces modes
d'effacements.
De la dernière couche de noir est née la
lumière et c'est sur ce fond noir neutre qu'elle se
détache.
Peut-être faut-il voir dans cette forme rectangulaire,
simplifiée, dépouillée, où
se travaille la matière, une relation avec les
métiers évoqués: c'est ce rectangle au
sol à couvrir par un carrelage; ce
rectangle-façade à l'aplomb sur lequel on
appliquera l'enduit; ce rectangle de la porte reconstituée,
réassemblée; ces rectangles maniés en
proportions et matériaux depuis les premiers
métiers. Il est curieux de constater qu'à
l'échelle humaine, le rectangle agit comme une forme
sécurisante, alors que de l'infiniment grand à
l'infiniment petit, il n'y a place que pour le cercle.
Je sais à quel point il est difficile, malgré
l'extrême simplicité de cette forme, d'arriver
à l'équilibre d'une peinture en fonction de ce
rectangle et de sa matière. La force de la peinture viendra
du fait que ces composants (forme, matière,
lumière) formeront un tout, qu'il ne soit plus possible d'y
travailler l'un d'entre eux, pour que la peinture vibre
d'elle-même, soit un accord total avec le peintre dans le
moment où elle est achevée. "
Jean-Pierre Baillet
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